Archive by Author

LE GRAND MOTET : une spécificité française

17 Mai

Mais qu’est-ce qu’un motet ? C’est une composition musicale à une ou plusieurs voix, religieuse ou profane, avec ou sans accompagnement. Il a subi de nombreuses transformations au cours de plusieurs siècles. Au XVIIe, apparait le grand motet, spécificité française, également appelé motet à grand chœur, regroupant des morceaux variés sur un texte liturgique latin, pouvant être conçus pour un chœur à huit voix réelles, instruments concertants, orchestre et basse continue.

Genre sacré emblématique du XVIIème siècle en France, dominé par Marc-Antoine Charpentier notamment, c’est l’équivalent de l’anthem des Anglais et de la cantate des Allemands.

Considéré comme le créateur de la forme grand motet, Henry Du Mont (1610-1684) est une figure importante de la vie musicale de la première partie du règne de Louis XIV, dirigeant la musique religieuse de la cour jusqu’en 1683. Il sera une source d’inspiration majeure pour des compositeurs comme Lully et de Lalande.

Pour écouter en ligne Du Mont sur musicMe (nouvelle fenêtre)

Fait notable, le grand motet, avec seulement d’infimes modifications, allait demeurer en place jusqu’à la Révolution française.

Découvrez ou redécouvrez les principaux compositeurs de grands motets dans l’ordre chronologique et de façon non exhaustive :

  • Jean-Baptiste Lully (1632-1687). Né en Italie et naturalisé Français en 1661, il est nommé, la même année, surintendant de la musique du roi et l’année suivante maître de musique de la famille royale. Non seulement il domine la vie musicale en France à l’époque de Louis XIV, mais son influence s’exerce sur toute la musique européenne de son temps. Des compositeurs éminents tels Henry Purcell, G. F. Haendel, J.-S Bach ou J.-P Rameau lui doivent beaucoup.

Pour écouter Les Grands Motets de Lully en concert (Musiques baroques à Versailles (vidéo Youtube Musiques baroques à Versailles – Arte vidéo) :

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704). Connu pour ses compositions de musique sacrée, en particulier ses motets et ses messes, il a travaillé pour le roi Louis XIV et pour les Jésuites à Paris, pour lesquels il a composé la majeure partie de sa musique sacrée. Par l’ampleur et la qualité de son œuvre sacrée et profane, Charpentier figure parmi les plus importants compositeurs de la période baroque en France. Son style a été influencé par la musique italienne. Il a également composé de la musique instrumentale, des opéras et des ballets. Sa musique sacrée et théâtrale fit concurrence à celle de son contemporain Jean-Baptiste Lully.

Pour écouter Charpentier en concert par La Chapelle Harmonique (vidéo Youtube) :

  • Michel-Richard de Lalande (1657-1726) a composé pour le roi Louis XIV et essentiellement de la musique religieuse dont ses superbes motets inspirés de textes latins tirés des Psaumes. Ses compositions religieuses annoncent les cantates de Bach et ses chœurs les oratorios de Haendel.

Pour écouter ses Grands Motets en concert par l’ensemble de musique baroque Les Arts florissants (vidéo Youtube) :

À emprunter à La Médiathèque : Te deum : les grands motets de Michel-Richard de Lalande (nouvelle fenêtre)

  • André Campra (1660-1744). Situé entre Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau, il a participé au renouveau de l’opéra français. Certains de ses grands motets sont restés célèbres (en particulier son Requiem). Au faîte de sa gloire sous la Régence (période de 1715 à 1723), Campra était encore adulé dans les dernières années de sa vie.

Pour écouter CAMPRA en ligne sur MusicMe (nouvelle fenêtre)

  • Jean-Philippe Rameau (1683-1764) fut avant tout un maître de la musique sacrée : il a œuvré durant quarante ans dans les églises du Royaume comme organiste et Maître de Chapelle. Parmi ses compositions, il ne nous reste hélas que quatre Grands Motets, miraculeusement sauvegardés… Ces œuvres composées entre 1712 et 1721 lorsqu’il avait une trentaine d’années, sont des merveilles d’équilibre portant pleinement en germe les fastes qu’il déploiera ensuite sur la scène lyrique parisienne. Dans la tradition française de Lully et Lalande, il met le texte sacré au cœur d’une représentation musicale somptueuse.

Pour écouter Rameau en concert par l’ensemble Vox Luminis (vidéo Youtube) :

  • Jean-Joseph Cassanea de Mondonville (1711-1772). Musicien et compositeur français contemporain de Jean-Philippe Rameau, il est surtout connu pour ses dix-sept Grands Motets, (dont seulement neuf nous sont parvenues) composés entre 1734 et 1755  et écrits dans un style très expressif, et parfois descriptif, comme le superbe Dominus Regnavit de 1734. Grâce à une grande maîtrise orchestrale et vocale, Mondonville apporte au genre du grand motet — genre dominant du répertoire de la Chapelle royale jusqu’à la Révolution — une couleur, un dramatisme inhabituel, qui font de ses œuvres des créations remarquables de la musique baroque.

Écouter en ligne le concert Grands Motets de Jean-Philippe Rameau et de Mondonville sur le site de la Philharmonie de Paris (nouvelle fenêtre) : sublime !

J’y étais : concert à La Philharmonie de Paris le 9 janvier 2023. ENCHANTERESSE

23 Jan

Quel plaisir de commencer l’année en découvrant sur scène Marie-Nicole Lemieux, contralto (voix féminine la plus grave) à la renommée internationale, dans un répertoire inédit pour elle : celui des grands airs d’opéra baroque français. Et cela lui va bien, en effet elle endosse avec beaucoup de théâtralité et de dramaturgie les personnages mythologiques de l’opéra comme Médée, Circé ou Armide, des femmes puissantes mais malheureuses en amour. L’interprétation de la contralto à la voix ample et sa grande sensibilité touche le public au cœur.

Elle est accompagnée par l’orchestre les Épopées dirigé par Stéphane Fuget. Et entre la contralto, les instrumentistes et le chef l’entente est totale et le plaisir qu’ils prennent à interpréter cette musique ensemble est palpable.

L’éblouissante compagnie lyrique Les Épopées fondée en 2018 par Stéphane Fuget, est saluée par la presse en France comme à l’étranger pour la force émotionnelle de ses interprétations.

Pour écouter Les Epopées (nouvelle fenêtre)

Le programme de ce soir a été élaboré par Marie-Nicole Lemieux et Stéphane Fuget et leur complicité artistique est évidente sur scène. Leur choix s’est porté sur une compositrice et des compositeurs français de l’époque baroque : des plus connus comme Charpentier (Médée) ou Gluck (Armide) aux plus rares comme Pascal Collasse (Canente), André-Cardinal Destouches (Omphale) ou encore Mademoiselles Duval (Les Génies).

Pour en savoir plus sur Mademoiselle Duval (nouvelle fenêtre)

Pour écouter André-Cardinal Destouches (nouvelle fenêtre)

Pour mieux connaître Marie-Nicole Lemieux, écoutez cet interview :

Pour écouter Marie-Nicole Lemieux sur le site de La Philharmonie (nouvelle fenêtre)

Pour l’écouter sur la plateforme MusicMe (nouvelle fenêtre)

Le public conquis et sous le charme applaudit à tout rompre et Marie-Nicole Lemieux tout sourire et pleine d’humour et de générosité nous offre trois rappels et la salle est comblée !

Un concert totalement enchanteur !

J’y étais : concert salle Gaveau le 14 février 2022 : AMIS EN MUSIQUE

25 Fév

Avec Lea Dessandre mezzo soprano, Théotime Langlois de Swarte violoniste, accompagnés par Thomas Dunford luthiste et theorbiste.

Trois amis, étoiles montantes de la scène musicale française, invitent le musicien qui les a fait se rencontrer, William Christie, qui incarne depuis des décennies l’esprit audacieux et en même temps rigoureux qui présida à la révolution baroque des années 70.

William Christie :

À la tête de ses Arts Florissants et, depuis 2002, du Jardin des Voix, Will a formé – et révélé – d’innombrables talents exceptionnels dont trois sont ici réunis. Lea Desandre, Théotime Langlois de Swarte et Thomas Dunford, trois amis en musique , rendent un hommage vibrant à celui auquel ils doivent tant.

À ses côtés, ils feront simplement de la musique, en toute complicité, dans ce répertoire français et anglais, que tous les quatre aiment tant.

Et le programme est alléchant et varié : la première partie surtout consacrée aux compositeurs anglais avec Henry Purcell (1659-1695), John Eccles (1668-1735), Nicolas Matteis (1650-1713), la deuxième partie plutôt française avec Marin Marais (1656-1728), Honoré d’Ambruis (1660-1702) des airs de cour de Michel Lambert (1610-1696) et François Couperin (1668-1733), Jean-Baptiste Senaillè (1687-1730) Marc-Antoine Charpentier (1643-1704). C’est l’occasion de découvrir des compositeurs français et anglais moins connus.

Le plaisir que ces musiciens hors pair ont a jouer ensemble est palpable et au début du morceau d’Henry Eccles A new division upon the ground bass of John and kiss me, le public est même invité à tenir la ligne de basse obstinée et la salle Gaveau sous le charme se prête à l’exercice avec plaisir !

A la fin, la salle applaudit à tout rompre et lors du premier rappel Lea Desandre enjoint tout le monde à reprendre le refrain d’Auprès du feu on fait l’amour une chanson de Marc-Antoine Charpentier, et le concert se termine en apothéose avec un deuxième rappel et Mes bergers sont tendres et fidèles de Michel Lambert ponctué par les aboiements des trois hommes et le public jubile !

Pour écouter Léa Desandre sur musicMe (nouvelle fenêtre)

Pour écouter Theotime Langlois de Swarte (nouvelle fenêtre)

Pour écouter Thomas Dunford (nouvelle fenêtre)

Et William Christie sur le site de La Philharmonie (nouvelle fenêtre)

Enfin si vous voulez en savoir plus sur le théorbe :
https://www.francemusique.fr/musique-baroque/le-theorbe-comment-ca-marche-avec-thibaut-roussel-98290(nouvelle fenêtre)

Un superbe concert placé sous le signe de la complicité et de la virtuosité.

J’y étais : Concert salle Gaveau le 24 janvier 2022. NATURE et TOURMENTS.

4 Fév

Ce soir le programme est particulièrement alléchant pour le public féru de musique baroque, avec des pièces chantées de Henry Purcell (1659-1695), Leonardo Vinci (1690-1730) – à ne pas confondre avec…- Georg Friedrich Händel (1685-1759), Antonio Vivaldi (1678-1741), et Nicola Porpora (1686-1768) en alternance avec des pièces instrumentales de Purcell, Vivaldi et Pietro Locatelli (1695-1764).

Au chant, Franco Fagioli, contre-ténor, au violon et à la direction, Andres Gabetta créateur du Gabetta Consort qui forme ce soir un ensemble de huit instrumentistes (violon, alto, contrebasse clavecin, théorbe et basson).

Franco Fagioli (né en Argentine en 1981) dont la tessiture vocale couvre trois octaves est l’un des plus grands (si ce n’est le plus grand) contre-ténors de notre époque, et le seul chanteur masculin capable d’affronter les airs des grands castrats sopranos tels que Farinelli, Caffarelli ou Carestini, excellent dans les ornementations propres à la musique de cette époque.

Il se livre ce soir à un exercice de haute voltige vocale avec sa virtuosité, sa sensibilité, sa grande expressivité, son vibrato constant et la salle est subjuguée.

Mais le mieux est encore de l’écouter….

Le public envoûté applaudit à tout rompre….et les rappels sont l’occasion d’écouter le virtuose dans des extraits d’Agrippina de Haendel (opéra seria créé à Venise en 1709) – l’opera seria est un opéra de tradition et de langue italienne pratiqué au XVIIIe siècle, son caractère est noble et « sérieux », ce qui l’oppose à l’opera buffa, de caractère comique et enjoué, héritier de la tradition de la commedia dell’arte -. L’opera seria fut très en vogue dans presque toute l’Europe pendant le XVIIIe siècle à l’exception notable de la France.

Pour écouter et réécouter Franco Fagioli :

A emprunter la Médiathèque Serse de Handel (nouvelle fenêtre)

Sur le site de La Philharmonie de Paris dans Lucio Silla de Mozart (nouvelle fenêtre)

Et sur la plateforme MusicMe (nouvelle fenêtre)

Ecouter Franco Fagioli donne encore plus envie de travailler son vibrato !

J’y étais : « God Save The King », Le Concert Spirituel Hervé Niquet à La Philharmonie de Paris le 13/06/2021.

28 Juin

ENFIN !

Quel plaisir et quelle émotion de retrouver la grande salle Boulez de La Philharmonie de Paris pour ce concert tant attendu après une saison d’annulations !

Ce soir cap sur l’Angleterre, pays d’adoption de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) qui quitta définitivement l’Allemagne en 1712 et obtint la nationalité anglaise une quinzaine d’années plus tard.

Hervé Niquet et le Concert Spirituel continue son exploration du répertoire haendélien à La Philharmonie de Paris , après le concert participatif donné en décembre 2019 consacré au monumental oratorio Le Messie. Il a choisit cette fois une musique dont les visées glorifiantes sont plus politiques que spirituelles. Mais hélas cette fois les mesures sanitaires nous empêchent de chanter en chœur avec le Concert Spirituel et sous la direction (et sans baguette !) du chef Hervé Niquet.

Ce concert s’articule en deux parties :

Première partie : Te Deum de Dettingen composé en 1743.

Tout d’abord ne soyons pas chauvins ! En effet la bataille de Dettingen (village de Bavière) qui met fin à la guerre de succession d’Autriche, le 27 juin 1743, s’est conclut par la défaite de l’armée française ! C’est Georg Friedrich Haendel, alors compositeur à la Chapelle Royale de Londres, qui reçoit commande d’un Te Deum (hymne liturgique d’action de grâce) du roi Georges II pour fêter dignement cette victoire ! Partition grandiose (ah les fanfares de trompettes !!) servie magistralement par le chœur et l’orchestre du Concert Spirituel ce Te Deum demeure emblématique de l’œuvre foisonnante d’Haendel !

Plusieurs versions sont à retrouver sur La Médiathèque de Levallois (nouvelle fenêtre)

En deuxième partie : les Coronation Anthems sont des hymnes écrits par Haendel tout juste naturalisé anglais, à l’occasion du couronnement de Georges II et de la reine Caroline, dont les effectifs orchestraux et choraux particulièrement développés visaient à créer une atmosphère de grandeur adaptée à de telles célébrations, alors Hervé Niquet, toujours facétieux, invite les choristes à chanter et les instrumentistes à jouer pour deux !

Diverses versions sont à écouter sur Music Me sur La Médiathèque de Levallois (nouvelle fenêtre)

Petite consolation pour clore ce superbe concert en beauté, le chef avec humour, invite le public à entonner « une petite chanson française » avec le chœur. Il s’agit de God Save The King qui adapté du français par Haendel sera adopté en 1745 comme hymne national.

Félicitations au chœur qui a reçu le Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral, décerné en partenariat avec l’Académie des beaux-arts et qui distingue depuis 30 ans les chœurs et maitrises qui font la renommée de l’art choral français.

Un grand bravo au Concert Spirituel fondé par Hervé Niquet en 1987 et qui nous surprend et nous enchante à chacun de ses concerts.